mardi 23 décembre 2008

Le MCDDI joue son avenir.


Membre du BEN que je suis, je ne comprends pas comment mes collègues pensent que l'alliance MCDDI - PCT est facteur de paix. De quelle paix parle-t-on? A entendre mes collègues, au nom de la pseudo paix, on accepte tout et n'importe quoi.

Le pouvoir limite cyniquement le nombre de députés MCDDI, il nous confie des portefeuilles ministériels non politiques et nomme certains sénateurs MCDDI sous le label RMP. A toutes ces humiliations nous devons dire merci tonton. Non! chers collègues, la dignité c'est aussi une des vertus que nous devons porter. Nous avons un grand parti qui mérite mieux.

Le MCDDI n'a jamais initié aucune guerre au Congo Brazzaville.

L'idée selon laquelle que ne pas soutenir M. Sassou c'est chercher la guerre est une totale absurdité. C'est déstabilisant pour la population Congolaise. Visiblement ce discours intellectuellement inacceptable et politiquement honteux est repris par certains membres de notre parti. Sont-ils de vrais militants d'un parti de gouvernement , le MCDDI ou tout simplement des griots d'un système au pouvoir depuis des lustres incarné par celui qui se prend toujours pour une victime de je ne sais quel agresseur?

Tout le monde sait que le dictateur actuel, responsable des massacres d'état cherche toujours à se prendre pour l'éternel agressé.

Les massacres, cette stratégie machiavélique d'extermination , qui a endeuillé tant de familles, les vrais victimes sont persuadés effectivement de leur culpabilité face aux agressions du pouvoir de M. Sassou. N'a-t-on pas vu les victimes des massacres dans le sud du pays demander pardon aux assaillants, convaincus qu'ils étaient responsables de leur propre malheur?

Aujourd'hui, il est établi dans notre pays que c'est la paix par la peur qui règne et les congolais qui le vivent au quotidien le savent.
Voter Sassou Nguesso ou la guerre, c'est un chantage traumatisant. Le plus consternant c'est que cela est repris en cœur par mes propres amis et collègues du MCDDI. Autrement dit, l'avenir du MCDDI et du Congo réside dans le bon vouloir du chef de l'État actuel.

Pour sortir de cette nasse, la direction du MCDDI doit écouter les congolais au-delà même de notre parti pour mieux cerner la psychose dans laquelle se trouve notre population.

Lorsqu'on conclu une alliance politique, on met en avant les intérêts du pays. Cela veut dire aussi que les deux partenaires mettent ensemble une synthèse issue de leur projet de société respectif. Cette alliance devant se traduire ensuite par le partage équitable de responsabilités d'état autour d'un projet de gouvernement clair et connu de tous.

Personne ne peut dire qu'en l'état actuelle de l'alliance PCT-MCDDI que cela ait produits des effets positifs pour le MCDDI et pour le pays. Le bilan de ce rapprochement politique doit être fait et rendu publique.
De ce qui précède, nous pouvons d'ors et déjà dire que cette alliance a produits plutôt de l'incompréhension et de l'écœurement. Que ce soit sur le plan institutionnel que gouvernemental M. Sassou n'a pas tenu parole comme d'habitude.
Car son pouvoir reste et restera à jamais un butin de guerre. A partir de cette posture, il est illusoire de croire à un changement d'attitude de sa part.

Le poids actuel de notre parti ne nous permet pas de prétendre peser sur les évènements politiques. Seul un MCDDI très fort, réconcilié avec lui-même et maitre de son destin peut renverser les montagnes de la nébuleuse PCT ou RMP.

Alors, il ne faut pas confondre, alliance et complaisance.
La situation du pays est suffisamment grave, les attentes des congolais sont d'une telle ampleur que notre parti doit reconsidérer ses postures.

Le discours de rupture politique et idéologique du MCDDI que j'appelle de mes vœux doit apparaitre aux yeux des militants et des congolais comme une alternative politique crédible.

Pour l'avenir de notre parti, plus tôt que de dépenser les énergies inutilement en cultivant l'adversité entre collègues, il vaudrait mieux s'unir autour des valeurs cardinales portées depuis sa jeunesse par le Président du MCDDI.

Par ailleurs, les congolais ont applaudi l'émergence du CluB Perspectives et Démocratie du MCDDI. Les membres de cette entité sont issus de l'école politique de Bernard Kolélas. Dans très peu de temps, tous les congolais sans exception auront entre leurs mains le texte fondateur. Nous serons très honorés d'avoir parmi nous, toutes les compétences congolaises.

Le Congo ne sera libéré que si chacun y met du sien.

A bientôt.


mercredi 3 décembre 2008

Congo Brazzaville: Le "Club Perspectives & Démocratie" du MCDDI condamne les arrestations extrajudiciaires .

Réaction d'indignation

L'interpellation du militant de l'UPADS, Mr Gilbert Moulangou Tsonguissa, proche de M. Moungounga-Nguila Nkombo, est un acte inacceptable qui s'inscrit au delà de la simple intimidation contre les forces qui s'opposent au régime de Brazzaville. Après les rafles opérés par ce régime à Pointe-Noire dont de nombreux civils croupissent encore en prison et d'autres torturés à mort, le régime multiplie ses forfaits contre les Congolais. Ces actes d'apparence isolée ne sont pas de simples dérives. Ils participent à une vaste entreprise d'intimidation et d'oppression ciblée.

Cette interpellation, qui s'est déroulée au cours d'une réunion entre militants d'un parti politique légal le samedi 29 novembre 2008 à 16 h à Brazzaville par des éléments de la force publique, libéré puis repris, constitue un délit d'un genre nouveau dont sont victimes les opposants et leurs collaborateurs depuis le coup d'État d'octobre 1997.

Nous, Membres du Mouvement Congolais pour la Démocratie et Développement Intégral, réunis autour du Club Perspectives & Démocratie, dénonçons et exprimons notre indignation face à de tels procédés. Ce régime a inventé le "délit de réunion politique" dans un contexte de multipartisme. Il détient le triste record Africain des procédures extrajudiciaires et des enlèvements des citoyens Congolais que M. Sassou-Nguesso méprise en les qualifiant de "rats" ou de "souris".

Au moment où son gouvernement simule un dialogue pour sa reconduite à la tête de l'État pour une 6e investiture préemballée, ses services de sécurité s'illustrent par l'entrave administrative et l'intimidation des opposants hors de son système de domestication politique.

Nous considérons que le délit de réunion n'existe pas en démocratie pluraliste et encourageons les consciences patriotiques à continuer le combat contre la dictature et le totalitarisme. Cet appel envers la communauté nationale exige que chacun sorte de l'anti-citoyenneté qui laisse le champ libre au pouvoir d'alterner les cibles de sa violence dans l'espace et le temps.

Nous demandons aux parlementaires Congolais d'exiger une enquête parlementaire pour faire la lumière sur toutes les affaires relatives aux enlèvements et disparitions des citoyens interpelés par la force publique. Les Congolais ne peuvent passer pour pertes et profits d'un système qui broie toute volonté et toute opinion contraires aux intérêts personnels de M. Sassou-Nguesso.

Nous en appelons aussi aux instances internationales d'enjoindre M. Sassou de mettre fin à ses méthodes brutales incompatibles avec la libre expression politique. Ces derniers temps, il tente d'embellir l'image de son régime devenu inacceptable dans le concert des nations. Nous souhaitons que la crise financière internationale ne fasse pas perdre de vue la nocivité du régime de Brazzaville.

Fait à Paris, le 2 décembre 2008.

Pour le Club Perspectives & Démocratie
Les Membres de la Direction du MCDDI
Théo-Joseph SÉNGA
Edgard MFOUMOU-NÉ

mardi 18 novembre 2008

Edgard Mfoumou-Né nous propose sa réflexion autour de son livre.




La reconstruction du Congo-Brazzaville :

la Synthèse


Ce livre est le fruit d’une réflexion intellectuelle et politique de mon vécu sur le Congo-Brazzaville à travers des activités dans les milieux associatifs et politiques. Il s’adresse aux Congolais, aux Africains et à tous ceux qui ont soif de culture et de connaissance sur l’Afrique en général et le Congo-Brazzaville en particulier. Il s’inscrit aussi dans la perspective de servir de matériau utile aux futurs bâtisseurs du Congo.


L’écriture de ce livre tient d’une double motivation. D’abord le combat contre la dictature pour ne pas laisser le totalitarisme s’installer en tradition politique. Dans ce sens, la Synthèse pose les problématiques au cœur du contentieux républicain longtemps éludé et tenu comme tabou, et qui se traduit par des comportements hégémoniques des accédants au pouvoir. Ensuite, il y a la raison morale et intellectuelle qui consiste d’une part à laisser des repères historiques aux générations post Conférence Nationale Souveraine ; d’autre part, à livrer l’analyse et la réflexion sur le règne révolutionnaire que le Congo a vécu et vit encore sous une forme débridée, dépoussiérée de ses slogans rébarbatifs d’antan. À ces deux raisons, s’ajoute le fait que l’avenir post coup d’État se prépare maintenant pour éviter les incertitudes et les errements d’hier et actuels. L’après Sassou est une mutation culturelle qui doit s’opérer à deux niveaux. Premièrement, replacer le citoyen au cœur de la société et de l’action des pouvoirs publics. Deuxièmement, instituer une pratique réellement démocratique et transparente de la politique.


Ma réflexion part d’un constat : l’absence de valeur ajoutée à l’indépendance et ce qui ressemble à une incapacité à se développer face au cycle des calamités et l’accumulation des contre-sens.

La reconstruction a un sens éminemment politique et socioéconomique. C’est une problématique qui consiste à hisser le pays à une dimension digne et respectable sur le plan intérieur et au niveau international. Étant donné que le Congolais ne jouit que d’un statut symbolique de ressortissant territorial. Sa citoyenneté est bafouée. Son identité est de moindre valeur. La reconstruction du Congo est nécessaire sur le plan des valeurs pour parvenir à un État de droit capable de restaurer la dignité des Congolais. Car actuellement, la hiérarchie des valeurs est inversée.

La reconstruction dont parle ce livre est différente de la municipalisation du régime qui est un concept cache misère. Il est mis en avant pour donner l’illusion d’un développement en cours du pays, alors qu’en fait, il ne s’agit ni plus ni moins qu’un des moyens pour meubler les déplacements de Mr Sassou à l’intérieur du pays et pour enrichir l’oligarchie locale qualifiée par le même régime d’opérateurs véreux.


La municipalisation du régime ressemble à un saupoudrage de gestion du pouvoir. C’est une fausse bonne idée qui se situe aux antipodes d’une volonté d’offrir une vie décente aux Congolais. Cette municipalisation ignore la hiérarchie des urgences du pays. À savoir : la santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable, l’électricité, l’hygiène publique et alimentaire dont l’OMS vient de rappeler l’urgence. Cette municipalisation est l’arbre qui cache la forêt de la misère à l’image de la ville de Pointe-Noire qui présente un visage miséreux contrastant avec son poids économique.

La reconstruction au sens de la Synthèse est une approche qui prend en compte et met en valeur les éléments clés du développement intégral d’une société. Partant de l’humain, dans ses aspects culturels et ses dispositions juridiques, au matériel signifiant la réalisation d’infrastructures stratégiques de développement socio-économique.


Et la Synthèse, est la recherche d’une voie de cohérence pour donner à la république un sens, une norme et une identité respectable. Elle procède par une approche rationnelle : Tirer les enseignements à travers les stigmates de l’histoire du Congo-Brazzaville dont les tournants décisifs sont : la colonisation, la pseudo révolution d’août 1963, le coup d’État d’octobre 1997.

La colonisation est le premier ingrédient de la Synthèse car le système colonial, partout où il a sévi, a profondément modifié l’évolution sociale et politique. Il a fragilisé et marginalisé le pouvoir traditionnel local. Au Congo, il a inversé la hiérarchie sociale et politique. L’élite relativement jeune est devenue le responsable d’une société postcoloniale. Cette situation a induit des comportements décomplexés de la sagesse coutumière des anciens. Cette colonisation pose la problématique d’accès aux ressources naturelles de l’Afrique et celle de la souveraineté du pays. La cohérence consiste alors à ne pas demeurer un acteur passif qui subit les assauts économiques et le jeu d’influence géostratégique du reste du monde.


La pseudo révolution d’août 1963 a été une période sombre de l’histoire où l’alliance socialiste MSA, éclipsée par l’UDDIA de Fulbert Youlou, a d’abord créé les conditions de l’instauration du parti unique au Congo, puis en son sein a réussi à déstabiliser et à faire chuter le régime démocratique. Le côté sombre de cette période est marqué par le fait que les révolutionnaires n’étaient pas porteurs d’un projet politique pour réformer le pays ou pour le développer. Ils étaient porteurs d’une revendication du pouvoir sur une base ethno tribale. Le discours officiel était constamment démenti par les actes de discrimination et de violence ciblée car le fusil de la révolution était en permanence tourné contre les populations civiles et les opposants dont nombreux ont payé de leur vie. Cette révolution pose la problématique suivante : Sans le fait accompli, l’institution présidentielle serait-elle accessible à une personnalité issue des minorités sociologiques du pays ? Ce livre répond à cette problématique.


Enfin, le coup d’État d’octobre 1997 a signé le retour à l’ordre ancien. C'est-à-dire, le monolithisme politique et l’État policier. Ce pronunciamiento est une négation de la Conférence Nationale Souveraine qui a mis fin à l’escroquerie politique baptisée révolution des trois glorieuses. Il est l’œuvre d’irréductibles révolutionnaires qui amplifient et transposent au sommet de l’État une culture incompatible avec le « vivre ensemble. » C’est aussi un processus d’expropriation accéléré du pays aux autochtones car le Congo est devenu un butin de guerre dont le régime s’octroie un droit de préemption sur les richesses nationales. Ce coup d’État pose la problématique de la représentativité de la diversité sociologique dans les institutions. Dans la première république sous Youlou, la diversité sociologique avait été bien intégrée. Cette intégration avait permis la présence de quelques avatars politiques qui polluent et saturent la vie nationale quarante ans après. La Synthèse trace la voie pour résoudre cette question de la représentativité qui est avant tout une résultante électorale en démocratie.


Toutes ces problématiques trouvent leur solution dans la Synthèse conçue comme un processus de cohésion à mettre en œuvre et qui ne se limite pas aux énoncés de ce livre. Cette réflexion soutient la nécessité de transcender les querelles intestines et de privilégier la république autour des valeurs cardinales : l’État de droit, la Citoyenneté et la Démocratie. D’un point de vue pratique, la Synthèse est une feuille de route qui s’appuie sur un cahier des charges qui définit une rationalité économique et politique pour réhabiliter le citoyen Congolais dans sa dignité, pour régénérer le patriotisme, réparer les injustices sociales causées par les faits politiques, et enfin, pour ressusciter la confiance et l’estime de l’État.

La Synthèse aborde d’autres problématiques telles que :

a) L’unité nationale passe t-elle par l’équation ethnique posée par les tenants de l’idéologie totalitaire et de la revendication ethno tribale du pouvoir ? L’approche unitaire des révolutionnaires est un schéma qui dissout le capital sacrificiel du passé dans l’idée de révolution qui remet à zéro les compteurs de la légitimité sociologique et ramène le curseur de l’histoire à l’année 1963. Parce que la lutte pour l’indépendance n’a pas été uniforme dans le pays, les révolutionnaires ont d’une part refusé de reconnaître le mérite des Congolais qui ont lutté pour la liberté et l’ont souvent payé de leur vie. D’autre part, ils ont censuré l’histoire authentique du pays. C’est une erreur qui coûte chère au pays le fait d’indexer l’unité nationale au monolithisme politique qui in fine a été incapable de gommer les différences et s’illustre par des alternances violentes. L’unité nationale doit être une construction politique qui passe par l’État de droit, la citoyenneté et la réalisation des objectifs qui fondent la cohésion sociale. Cette approche ne pose aucune préséance en termes de légitimité. La citoyenneté, par exemple, est une constante cardinale institutionnelle au dessus de toute considération subjective.

b) Quelle légitimité posera les bases d’un État de droit acceptable par tous ? La légitimité sortie des urnes est une référence temporelle soluble car ne disposant pas de mandat pour imposer une volonté unilatérale. L’élection reflète l’État de l’opinion à un instant donné et est sujet à caution car potentiellement contestable, dans ses déclinaisons politiques, par le suffrage qui l’a institué. Le fait accompli, le coup d’État, est une forfaiture dont le peuple s’empresse d’effacer les traces sitôt disparue. Cette problématique, fondamentale dans le processus de réappropriation du destin national, est largement abordée dans la Synthèse.

Cette réflexion développe aussi d’autres thèmes.

c) L’équation démocratique qui désunit l’élite Congolaise malgré le chaos. En effet, une certaine élite se complaît dans un conformisme gratifiant du pouvoir et de l’argent et laisse Mr Sassou assumer la sale besogne espérant ensuite hériter du pouvoir. L’esprit critique semble atrophié à cause de la dette morale due aux parents « généreux » qui l’a formé dans des conditions de favoritisme absolu. Bien que cela n’enlève rien au mérite potentiel de ces promus. Une autre élite baigne dans une sorte de fraternité des cercles de pensées qui l’obligent à soutenir les « frères ». Dans le même temps, le leadership intellectuel quant à lui botte en touche et laisse les politiques imposer leurs points de vue. À bien des égards, l’intellectualisme congolais se pervertit et se perd en conjectures mais rivalise de commentaires dans les arrières bancs. C’est un narcissisme qui n’en finit plus où beaucoup de congolais se demandent à quel saint se vouer.

d) Les Perspectives à court terme


Étant entendu que la génération des années soixante ne pourra plus développer le pays, car englué dans des antagonismes stériles et le gâchis de nombreuses opportunités, l’on ne peut écarter la nécessité d’une rupture générationnelle et politique pour assainir le paysage politique du pays qui mérite un renouvellement en profondeur. La Conférence Nationale Souveraine avait raté le coche car n’ayant permis que le recyclage d’un personnel politique décrié et en ayant dénaturé les problématiques majeures au profit d’une tribalisation des débats. Aujourd’hui, la préoccupation majeure n’est plus l’alternance, synonyme d’adhésion à l’architecture juridique issue du coup d’État, mais le changement qui n’établit aucune échéance et trie les hommes en fonction de leur culture politique et de leur mérite.


La Synthèse développe largement ces thèmes et bien d’autres. Elle situe les clivages idéologiques entre les centralistes, adeptes de l’idéologie de violence, et les républicains attachés aux valeurs de liberté, d’État de droit et de justice. J’ouvre ce débat et invite les Congolais et les Africains à réfléchir dans ce sens.


Fait à Paris le 11 novembre 2008

Paris-France

edgard.mfoumoune@free.fr




"La reconstruction du Congo Brazzaville": la synthèse
Disponible chez L'harmattan et dans les lieux de vente habituels.

vendredi 7 novembre 2008

Les Etats Unis ont une longueur d'avance.

On pourrait dire vive la démocratie aux USA!

Le monde entier vient d'être témoins d'une exceptionnelle leçon de démocratie, de tolérance et d'audace des États Unis face aux clichés souvent tronqués et aux idées reçues.

Bien sûr, personne n'ignore les situations intolérables dans ce pays. Les inégalités devant les soins médicaux. Le racisme rampant et souvent violant dans certaines localités des USA. Mais ces fléaux existent aussi dans d'autres coins du monde, comme au Darfour, en Europe et ailleurs.

Pour détourner l'attention de leur peuple face à la situation interne souvent peut reluisante dans leur pays, certaines autorités ont toujours rejeter la responsabilité de tous les malheurs du monde sur les États Unis.

Qui n'a pas vu des reportages faits par des rédactions étrangères aux USA. Reportages totalement centrés sur le coté négatif de la société Américaine.

Une chose est sure aujourd'hui, le peuple Américain a pris la responsabilité d'affronter le monde tel qu'il est, de franchir un cap. Il consiste à penser d'abord à l'homme tout court avant de savoir à quel groupe social il appartient. A privilégier la compétence et la capacité d'unir tout un peuple autour d'un projet cohérent pour le bien de tous.

Bien sur, tout n'est pas réglé pour autant. Les grands dossiers en cours sont toujours là et qui constituent un véritable test pour le nouveau locataire de la maison blanche.

Mais des barrières psychologiques viennent de tomber. Beaucoup de pays, notamment les anciennes puissances coloniales doivent se résoudre à l'évidence. A savoir, l'alibi qui consiste à dire "le peuple n'est pas prêt" ne tient plus. Bien au contraire, ce fameux peuple est beaucoup plus en avance que leur classe politique.

Par ailleurs, je ne puis terminer mon propos sans rappeler à mes chers lecteurs, que certains chefs d'État Africains sont toujours au pouvoir depuis BUSH père. L'arrivée de Barak Obama à la maison blanche devrait leur donner un coup de vieux.

Le monde bouge, les dictateurs Africains préfèrent d'adage: j'y suis, j'y reste. Dommage!

dimanche 19 octobre 2008

Sortie littéraire - Edgard Mfoumou-Né


Dans un Congo qui subit les affres du pouvoir dont on connait les résultats catastrophiques.
Les intellectuels Congolais n'ont jamais abdiqué. Ne rien dire, ne rien faire c'est se rendre complice et coupable d'une tragédie congolaise qui se déroule sous nos yeux.

Le frère Edgard Mfoumou-Né fait partie de ceux qui ne veulent pas baisser les bras. Le livre qu'il vient d'écrire dont voici la couverture doit
nous faire réagir. Lisez-le et participez comme moi au débat. Vous pouvez vous procurer cette œuvre chez l'Harmathan.

A bientôt.

lundi 18 août 2008

Tout va bien au Congo, les congolais ne se plaignent pas?

Pour sauvegarder l'environnement et éviter le gaspillage des matières premières, certains emballages sont recyclés. Cette prise de conscience est louable et acceptée par les populations des pays souvent pionniers.
Mais recycler des discours politiques vieux de plus de deux décennies et en faire du neuf pour tenter de convaincre les congolais en leurs disant que tout va bien, c'est l'illustration d'un système qui ne sait plus comment justifier encore aujourd'hui sa présence au pouvoir.

Plus grave l'acceptation de cette situation par la quasi totalité des cadres congolais faute de perspectives, rend de plus en plus incertain le changement politique.

Dans son message à la nation, le tableau économique et social du présenté par le chef de l'état Congolais Dénis Sassou Nguésso me laisse particulièrement songeur. Ignorer la vie quotidienne des congolais, voir le tissus social se désagréger, les hôpitaux devenus des mouroirs et la jeunesse qui ère dès le soir tombé, visiblement il ne dirige pas le même pays.

Distribuer les revenus pétroliers aux amis et associés préalablement sélectionnés, faire des travaux de complaisance souvent sur facturés, cela ne constitue pas une redistribution équitable et intelligente de la richesse nationale du Congo.
Les institutions politiques et le gouvernement au fil du temps ne sont plus que des réseaux d'appuis au service d'un système au pouvoir. Elles ne constituent en aucune manière de véritables leviers d'actions au service d'une population qu'on est sensé représenter.

Depuis 1979 on a les mêmes maux au Congo. Pourtant, le Congo est de plus en plus riche ainsi que les gouvernants. Ne pas voir sa population souffrir depuis des années, cela relève de l'exploit...
Les observateurs, économistes ou non pensent à juste titre que le président Sassou dirige certainement deux états au Congo.
Le premier c'est l'état virtuel, pétrolier, plus riche, composé d'un réseau d'amis intérieur (institutions politique et judiciaire) et extérieur et doté d'une puissance financière sans égal en Afrique et bien entendu soutenu par l'arrogante Françafrique.
Le deuxième c'est l'état réel, celui du peuple abandonné à lui même. Et pourtant au nom duquel on revendique la légitimité même à moins de 10% de participation aux différentes élections.
Pour monsieur Sassou Nguésso, cet état là est peut-être trop compliqué à gérer, car il lui faut de temps à autre rendre des comptes. Mais compte tenu des évènements tragiques de ces dernières années la population congolaise ne peut plus se permettre de contester violemment
les pratiques politiques devenues une normalité. Faute de quoi, c'est le retour de la marche forcée vers les forêts du nord d'Owando ou du sud du pays.
La révolte de PointeNoire est sans doute une fissure dans ce système politique bien rodé.

Autrement dit, quand on est à la tête de ces deux états et compte tenu du mode d'accession au pouvoir, il est difficile d'abandonner le premier au profit du deuxième, car c'est lui sans lequel on existerait pas.

Les amis qui interviennent dans "zenga-mambu" ont tout à fait résumé la situation du pays et ont établi un constat difficilement contestable, à savoir: sans rupture véritable, point d'amélioration de la situation du peuple congolais.

Les dirigeants actuels doivent faire preuve de réalisme au sujet de la situation du Congo. Quelques soient les replâtrages ici ou là, de par leurs pratiques politiques, ils continuent de véhiculer une image négative du pays. Ils doivent se considérés comme disqualifiés aux yeux de l'opinion nationale et internationale.
Non seulement ils ne sont pas les bienvenus dans les cercles internationaux où se prennent des grandes décisions géopolitiques, La Françafrique qui n'est pas un passeport d'excellence en matière de diplomatie internationale pour un pays indépendant et souverain, riche en ressources humaines et pétrolières est leur recours.

L'obstination à rester au pouvoir et quel qu'en soit le prix est d'une médiocrité sans égal pour ces dirigeants. Pourtant, il est temps de se surpasser et privilégier l'intérêt commun.
Pour sortir de cette situation qui se dégrade tous les jours, le Congo a besoin d'une grande Conférence de Concertation Nationale.

Parmi les grands sujets clés de stabilisation sociopolitiques nous avons déjà soutenir les dossiers ci-dessous:

  • Bilan économique et social complet et sans complaisance depuis la disparition du Président Marien Ngouabi.
  • Remise à plat institutionnelle
  • Rétablissement de la commission des biens mal acquis
  • Rétablissement de la commission assassinat
  • Mise en place d'une commission internationale sur les crimes de guerre au Congo.
  • Mise en place d'une commission d'évaluation de la situation économique et financière.
  • Création d'une commission électorale indépendante.
Le gouvernement actuel ne représente pas des garanties suffisantes pour conduire les affaires courantes.
Il faut une grande transition politique dans notre pays (5ans). Les blessures sont trop nombreuses et encore béantes. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir les visages des congolais marqués les épreuves du temps subit, et sourd pour ne pas entendre les cris de douleurs d'une population meurtrie et minée par le mal vivre.

C'est une étape vitale pour le Congo Brazzaville si nous voulons laisser ce pays aux générations futures.

En démissionnant de son poste de président de la République du Pakistan, monsieur Pervez Musharraf vient de faire un geste politique en faveur de la paix dans son pays.
Quitter le pouvoir quand son peuple est saturé de sa présence, c'est aussi aider son pays d'une autre manière.

Moussi Kaounga

mardi 22 juillet 2008

"Le déchirement", un roman saisissant de Bernard Kolélas

Philosophie et tradition, conflit intérieur de soi et rapports avec autrui, tels sont les mots clés que je retiens volontairement pour décrire le roman que je viens de parcourir avec intérêt.
Ayant déjà lu le précédant (les épreuves initiatiques chez les Bantu), ces deux livres présentent son hauteur comme quelqu'un qui a décidé nous replonger dans les contradictions de nos réalités sociologique, éthique et métaphysique face à la modernité.
Je vous conseille vivement ces deux ouvrages d'une qualité remarquable.
Si vous voulez vous plonger dans l'univers de la littérature Africaine teintée d'une temporalité exaltante, c'est le moment.
Contact: theojoseph.senga@orange.fr
ou tél: 06 19 10 32 73
Prix actuel: 12 €
A bientôt

mardi 15 juillet 2008

Les présidentielles 2009 au Congo Brazzaville

Vous avez dit présidentielles en 2009?
Personne ne perçoit l'engouement dans la population congolaise que requiert ce genre d'évènement. Au Congo tout le monde s'accorde à dire, à tort ou à raison que les jeux sont déjà faits concernant le nouveau locataire au "palais du peuple". Dans ce cas, à quoi bon aller voter.

Depuis 1997, la psychologie de nos compatriotes a évolué. Tant qu'il y aura les mêmes acteurs de la nébuleuse au pouvoir, tant que ceux-ci mettront dans la balance l'alibi selon lequel " nos éventuels successeurs" viendront pour se venger et enfin tant que l'idée d'un seul choix possible ou la guerre continuera à occuper les esprits, les congolais se contenteront une fois de plus de subir un homme dont on connait le bilan politique, économique et social.

Mais en même temps, force est de constater que la même population qui par avance connait le résultat de 2009 commence néanmoins à sentir un effet de saturation de la présence du même personnel politique au pouvoir depuis deux décennies.

Les élections de l'année prochaine sont vécues comme un supplice de plus par les Congolais y compris les plus jeunes gens de notre pays. Face à cette situation, les observateurs présents au Congo craignent des actes désespérés des jeunes congolais dès que l'occasion se présentera à eux et quelle qu'en soit la nature. Meurtrie par manque du minimum vital, cette jeunesse est prête à tout pour survivre.

Les évènements de Pointe Noire qui ont émaillé l'enterrement de notre regretté Jean Pierre Tchystère Tchikaya démontrent un certain malaise et un mal être de la population à qui ont ne propose aucune perspective. C'est du jamais vu! les habitants de la capitale économique viennent de perturber un cortège funèbre en présente du chef de l'État et son épouse, qui jadis était craint.
La contagion risque d'atteindre d'autres villes comme Brazzaville. Les présidentielles de 2009 qui devraient être placées sous le signe d'un consensus politique autour d'un seul homme, comme sans doute le prévoyaient les stratèges du pouvoir actuel, ce pseudo consensus semble déjà compromis.
Autrement dit, nous rentrons dans une zone d'incertitudes politiques dont on ignore l'issue.

2009, une année maudite ou bénis ? Dieu seul sait.
A bientôt.

Moussi Kaounga

lundi 23 juin 2008

Thystère Tchicaya: Encore un témoin de l'histoire qui s'en va


















Après
Maurice-Stéphane Bongo-Nouarra, André Milongo Ntsatouabantou, Edouard-Ambroise Noumazalaye, Ngouonimba N’Czari, le frère Jean-Pierre Thystère Tchicaya vient d'allonger la liste des témoins de l'histoire de notre pays , le Congo Brazzaville.

Ils sont partis sans livrer aux congolais , leur réflexion sur la situation du Congo d'hier et d'aujourd'hui.

Thystère, un homme accessible.
Je me souviens, pour avoir travailler avec lui en tant que Président de l'URD - France et dans le cadre l'alliance URD- FDU, que ce fut un homme abordable et chaleureux. Nombreux sont des congolais qui reconnaissent en lui des qualités humaines exemplaires.

Par ce moyen moderne , je présente mes condoléances à sa famille, aux militants et cadres du RDPS.
Paix à son Âme.




vendredi 25 avril 2008

Le MCDDI, parti de l'avenir pour le Congo Brazzaville

Le Congo Brazzaville vit encore sous l'influence grandissant du système PCT (parti congolais du travail). En effet, depuis une vingtaine d'années toute la classe politique de ce beau pays vit et survit grâce au bon vouloir des gouvernants actuels.

Pourtant, nombreux sont ceux du pouvoir qui disent bien qu'à voix basse, que le moment est venu pour tout remettre en cause et repartir sur de nouvelles bases. En clair, l'omniprésence du chef de l'Etat actuel et trop longtemps au pouvoir donne un effet de saturation. Mais les mêmes se posent la question essentielle à mes yeux, de savoir qui pourra remplacer le Président Dénis Sassou Nguesso en cas de départ sans que cela n'occasionne une fois de plus une tragédie humaine.

Le PCT, quoi que l'on pense est à la croisé du chemin. C'est lui, pour l'instant et par ces jeunes cadres qui détient une des clés du vrais changement politique au Congo. On aurait souhaité que ce changement soit mené par autre force politique que l'actuel PCT. Mais il faut reconnaitre que les partis politiques "d'opposition" ne donnent pas l'impression de travailler pour le changement. D'aucun disent que bien au contraire, ils n'ont comme seule alternative, que le ralliement au pouvoir sans savoir pour combien de temps. Leur vie politique est arrimée à celle du pouvoir en place.

Le constat est implacable aujourd'hui. La psychologie des Congolais et de la plupart de leurs dirigeants est favorable à la présence au pouvoir d'une autre équipe, sans que cela ne passe par des dramaturgies sociopolitiques.

Dans ce contexte, le MCDDI a une carte majeure à jouer, parce que et quoi que l'on dise sur son engagement actuel, il dispose encore des fondamentaux bien que non exploités. Pourtant, il va falloir faire des choix vitaux pour le parti et pour le pays.

Le combat politique de tout une vie de Bernard Bakana Kolélas ne doit pas se résumer à de simples et non productives relations politiques avec les compatriotes longtemps installés au pouvoir. Non seulement tout n'est pas au mieux avec eux, notamment en ce qui concerne la loyauté et le respect des engagements, mais les perspectives à venir ne préfigurent aucune amélioration qualitative de ces rapports politiques.

Pourtant, force est de constater que le patron du MCDDI ne ménage jamais ses efforts quand il s'agit de la paix, même s'il faut au passage déconcerter les siens. Nous qui sommes ses collaborateurs formés ou formatés selon les cas, nous aurons une part très importante de responsabilités en cas d'échec d'un parti comme le nôtre quand on sait les sacrifices consentis par cet homme et ses amis politiques hélas qui ne sont plus de monde, pour nombre d'entre eux, victimes de la bêtise humaine.

Dans la conjoncture politique actuelle, les deux pôles de décision ne doivent pas subir des défaillances, car, mieux vaut et pour l'instant considérer que c'est au MCDDI et au PCT ou tout au moins son système de barrer la route à un aventurier faute de mieux. Les congolais ont de plus en plus de mal à attendre les lendemains qui chantent. Il suffit donc qu'un marchand d'illusions vienne convaincre un peuple affaibli par les conflits et par les besoins vitaux existentiels, que celui-ci trouve sa place dans l'échiquier politique du pays et devient fréquentable à l'international à cause de notre pétrole.


Le MCDDI à donc, comme toujours une nouvelle tâche pour une donne politique au Congo. Pour cela il lui faut rassurer les Congolais à partir des engagements que commande la situation socialement exceptionnelle que le peuple Congolais. Des réponses fortes, factuelles et symboliques doivent être au centre de nouvelles préoccupations du MCDDI. Pour susciter de nouveaux espoirs au pays, il faut une politique de rupture politique et idéologique que doit incarner notre parti.


Les engagements


  • Créer les conditions d'une meilleure lisibilité politique à destination de toute la classe politique Congolaise et à l'international.

  • Dire temps en temps et publiquement non lorsqu'on est en désaccord avec "nos amis et alliés" sur les décisions et les attitudes politiques défavorables au MCDDI, et qui vont à l'encontre des intérêts du pays. C'est une posture responsable qui peut rassurer sa base électorale et le pays.

Même les meilleurs amis du monde arrivent à se séparer si les fondements qui les lient continuent à se fissurer. Ou tout simplement si l'une des parties se considère si fort qui n'a pas besoin de l'autre. Son pouvoir étant issu d'une situation à laquelle le parti "frère" et allié d'aujourd'hui n'a pas participé.

  • Prendre position et afficher clairement ses ambitions pour les futurs présidentielles. En effet, à partir d'un projet politique (projet de société) issu d'un constat sur la situation sociopolitique du Congo, sans complaisance et sans tabous, le MCDDI par la voix de son chef doit tracer des grandes lignes pour les années à venir.
C'est à ce prix qui n'est pas de en soit corvée que le président du MCDDI sortira un jour par le haut, et ne sera pas confondu avec ceux dont on connait les responsabilités historiques quant aux malheurs du Congo et qui continuent à faire croire au monde entier qu'ils sont là parce que le peuple Congolais l'a voulu alors que malheureusement il les subit depuis des années.

A bientôt.


samedi 29 mars 2008

Invitation au voyage initiatique proposé par Bernard Bakana Kolélas


Bernard Bakana Kolélas, on le connait plus comme homme politique de premier plan au travers , ses activités, ses prises de positions et son engagement total pour une paix durable au Congo Brazzaville. Avec la sortie de son quatrième livre("les épreuves initiatiques les Bantu), le public devra désormais composer avec Bernard Bakana Kolélas l'écrivain.

On peut être un éminent homme d'état et avoir quelque chose d'autre à transmettre à un public qui en a certainement besoin, c'est le cas de notre BBK national.

Bonne lecture!

Contact: 06 10 10 32 73/01 60 28 56 63












samedi 15 mars 2008

Maroc: Deux jeunes Congolaises mortes par actes racistes.

Bonjour,

Je suis un citoyen blessé par ce que je viens de lire dans "courrier International".

Le Congo ne défend jamais ces concitoyens résidant à l'étranger, pourquoi ?

Je vous invite à parcourir le texte ci-dessous, c'est tout simplement édifiant.

Maroc: Violences raciales anti noir, deux étudiantes congolaises tuées par racisme à Marrakech

Le racisme contre les Noirs dans les pays du Maghreb a encore fait des victimes. Il s'agit de deux 3e8c2a2ba72e974a85d0f4a9f78105a7.jpgétudiantes du Congo-Brazzaville: Marie-Pauline Olandzobo et Diane Mbama, tuées par accident de la circulation, lundi 3 mars 2008, à Marrakech, par un jeune marocain qui voulait faire la peau à des Noirs. Une troisième victime, Princia Okoueké Elenga, était dans le coma et au moment où nous mettons sous presse, nous ne connaissons pas l'évolution de sa situation.

L'A.e.s.c.om (Association des étudiants et stagiaires congolais au Maroc), qui nous a donné cette information malheureuse, mais dont on ne parle pas, est dans le désarroi devant le silence des autorités congolaises.

Les étudiants congolais au Maroc vivent la peur au ventre, depuis que les actes de racisme dont ils sont victimes de la part des Marocains se sont accrus. Et cette peur est alourdie par le silence des autorités congolaises qui ne semblent pas prendre la mesure du danger qui pèse sur la vie des citoyens congolais dans les pays du Maghreb. Président de l'A.e.s.c.om (Association des étudiants et stagiaires congolais au Maroc), Rollin Gaël Ondong Ebata a écrit une lettre au président de la République, Denis Sassou Nguesso, en en faisant une copie à La Semaine Africaine. Dans cette lettre, il explique l'accident qui a provoqué la mort, par racisme, de deux étudiantes congolaises, tandis qu'une troisième est dans le coma. «L'acte a eu lieu le lundi 3 mars 2008, précisément à 22h15, à la sortie de la fac des sciences de Marrakech où se passaient les répétitions de la journée culturelle. Pendant qu'ils attendaient le taxi, pour se rendre à leurs domiciles, un jeune marocain, bien dans ses états, quitte son aile du goudron, pour venir effrayer, comme d'habitude, des Noirs que nous sommes, qui étaient à un mètre du trottoir. Il les ramasse: deux morts sur place et trois autres emmenés à l'hôpital», explique-t-il.


En somme, le président de l'A.s.c.o.m explique que les étudiants congolais préparaient la journée culturelle congolaise, pour présenter notre culture aux Marocains et aux étrangers qui vivent au Maroc. Après les répétitions, qui se terminent tard, la nuit, chacun rentre chez soi. C'est le cas du groupe des victimes. Ils attendaient un taxi au bord de la voie goudronnée. Voilà qu'un jeune Marocain, dans un véhicule, circulant dans l'autre sens, serre de leur côté et franchit même le trottoir, pour les heurter. Sur place, il tue deux étudiantes, tandis que trois autres sont admis à l'hôpital et parmi eux, une étudiante dans le coma.


L'acte délibéré est la traduction du racisme arabe contre les Négro-africains. L'A.s.c.o.m s'en inquiète vivement. «Nous, les étudiants de l'Afrique subsaharienne, nous subissons les actes de racisme, tous les jours qui passent, par les originaires (Marocains). Mais, cette fois-ci, ils sont allés plus loin, en donnant la mort à deux de nos sœurs, Mesdemoiselles Olandzobo Marie-Pauline et Mbama Diane, une encore, dans le coma, Okoueke Elenga Princia, une qui a eu une fracture au niveau de la jambe, Bissiki Cyrielle et le dernier a des plaies et une fracture au niveau de la main droite, Malonga Bernyvon», écrit l'association des étudiants.


L'on sait que les établissements d'enseignement supérieur, dans les pays du Maghreb, font des publicités pour encourager les étudiants africains à poursuivre leurs études supérieures dans ces pays. Mais, avec la multiplication des actes de racisme dans ces pays, la vie des étudiants négro-africains risque d'y être difficile. C'est pourquoi l'A.s.c.o.m interpelle les autorités nationales. «C'est ainsi qu'au regard de ce qui précède, nous soumettons à votre approbation, d'apporter de l'aide aux familles des victimes et nous envoyer, dans les plus brefs délais, les ministres de l'enseignement techniques et professionnel et le ministre de la coopération, ici au Maroc, afin de venir régler notre situation. A partir du lundi 10 mars 2008, aucun Congolais n'ira à l'école. Trop c'est trop, nous ne sommes pas des animaux», implore l'étudiant Rollin Gaël Ondong Ebata, au président de la République. Quant aux autorités marocaines, elles feraient sans doute bien de rassurer les Etats africains au Sud du Sahara, quant à leurs efforts de combattre le racisme. C'est un grand défi dans le développement harmonieux des relations de coopération.

jeudi 14 février 2008

AIR FRANCE doit baisser ses tarifs sur Paris Brazza et Pointe Noire

Bonjour à tous,

La compagnie Air France, non seulement refuse la concurrence des autres compagnies aériennes mais maintient ses tarifs devenus de plus en plus inaccessibles pour la diaspora congolaise.
Les congolais payent-ils le manque à gagner de cette entreprise confrontée à la concurrence internationale ? Pourquoi ce cynisme à l'égard d'une population pourtant conciliante à tous égards ?

Il y a beaucoup à dire sur cette affaire. Mais le mieux est de lire attentivement ci-dessous la lettre d'un citoyen du monde adressée au PDG de la compagnie AIR FRANCE.

Paris le, 11 février 2007

A l’attention de Monsieur Jean-cyril Spinetta, Président-directeur général d’Air France

Monsieur le Président-directeur général,

Depuis des années, et plus exactement depuis la disparition de la compagnie africaine AIR AFRIQUE (RK), les autres compagnies aériennes ne pouvant, en raison de la règlementation actuelle, faire de vols directs entre Paris et le Congo, votre compagnie se trouve en situation de quasi-monopole dans la desserte des deux principales villes congolaises qui sont Brazzaville (la capitale) et Pointe-Noire (la capitale économique, ville pétrolière). Comme chacun le sait, la fréquence des vols d’AIR France (AF) entre Paris et ces deux destinations congolaises a régulièrement augmenté au cours des dix dernières années. Elle assure actuellement la desserte de Brazzaville trois fois par semaine, notamment les lundi, mercredi et vendredi. Et il semble que votre direction envisage de l’augmenter d’ici à l’été prochain.

Cet intérêt toujours plus grandissant qu’accorde votre direction à ces deux destinations congolaises confirme bien que le Congo reste la destination long courrier hyper-rentable, sinon la plus profitable de votre compagnie, notamment dans la conjoncture très morose et hyperconcurrentielle que traverse actuellement le secteur des transports aériens. D’après nos informations, votre chiffre d’affaires sur les deux seules destinations de Brazzaville et Pointe-Noire a été multiplié par cinq en dix ans et représente une part largement supérieure à celle de toutes vos autres destinations confondues. Pourtant vous n’avez pas de vols quotidiens sur le Congo. Cela est tout simplement scandaleux.

Au regard de ce qui précède, il est donc logique que ces deux destinations congolaises soient au centre de la stratégie commerciale de votre groupe. Cependant, force est de reconnaître que votre groupe qui a toujours vu d’un mauvais œil la venue de nouveaux concurrents sur le ciel congolais profite honteusement de la situation de ce pays qui souffre cruellement de la mauvaise gouvernance et de l’incompétence notoire de ses dirigeants actuels qui ne parviennent pas à doter ce pays riche en pétrodollars d’une compagnie aérienne nationale comme l’ont déjà fait d’autres pays anciens membres d’AIR AFRIQUE, pourtant nettement moins nantis que le Congo.

Il est évident que vos conditions tarifaires applicables actuellement sur les vols à destination de Brazzaville et de Pointe-Noire ne semblent pas reposer sur des bases claires et saines. Celles-ci sont scandaleusement profitables pour votre compagnie, faisant ainsi de Brazzaville et Pointe-Noire les destinations les plus chères du monde avec des billets allant jusqu’à 4800 euros en classe économique en basse saison. De plus, elles tirent vers le haut celles des autres compagnies « concurrentes » comme ETHIOPIAN AIRLINE, qui sont malgré tout obligées de tenir compte du fait que leurs vols sur le Congo ne sont pas des vols directs. Comparativement, vos conditions tarifaires sont très déséquilibrées tant vos tarifs restent exagérément élevés et ce, en dépit de nombreuses plaintes des pauvres voyageurs congolais qui, du reste, ne profitent pas de la manne pétrolière confisquée par le pouvoir prédateur et véreux de Mpila et ses proches. Pour eux, les pétrodollars coulent à flot. C’est ce qui explique qu’ils payent sans compter, à coup de plusieurs milliers d’euros (plusieurs millions de francs CFA), vos billets première classe et classe affaire, c’est aussi ce qui explique que tous vos vols entre Paris, Brazzaville et Pointe-Noire soient surbouqués dans un sens comme dans l’autre.

Comme vous pouvez le constater, cette manne pétrolière, ces pétrodollars congolais qui aiguisent vos appétits voraces ne profitent qu’à une poignée d’individus. Il est donc préjudiciable pour le congolais lambda de payer le prix fort pour l’achat d’un billet d’avion. Aussi, nous, le Collectif de la diaspora congolaise de France et d’Europe envisageons de mener dans les mois à venir une enquête comparative sur les conditions tarifaires des compagnies aériennes qui desservent les grandes capitales africaines. Cette enquête portera sur une période de dix ans et sera rendue publique afin que les congolais puissent comprendre l’escroquerie dont ils sont victimes de votre part depuis dix ans. Il est temps que cesse cette situation de quasi-monopole d’AIR FRANCE qui a toujours tenu à être la seule compagnie aérienne à desservir le Congo. D’ores et déjà nous demandons à M. Jean-cyril.spinetta et l’ensemble de la direction d’AIR FRANCE de réviser à la baisse leurs tarifs en direction du Congo, et nous rappelons que le Congo n’est pas la chasse gardée de la compagnie française, et que le jeu de la libre concurrence qui obéit à la loi de l’offre et de la demande doit jouer pleinement pour stimuler les choses et permettre ainsi de maintenir les niveaux de prix attractifs sur ces deux destinations congolaises.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Président-directeur général, en l’expression de notre considération distinguée.

Pour le Collectif de la Diaspora congolaise de France et d’Europe

Bienvenu MABILEMONO

lundi 28 janvier 2008

France - Afrique: Indépendance ou dépendance ?

Une fois de plus, j'ai lu pour vous un article qui nous renvoi à la figure le passé colonial de nos pays.
Bonne lecture et à bientôt.
MK.

Franc CFA et néocolonialisme monétaire

par Arnaud Zacharie


Au moment des indépendances, les ex-colonies françaises adoptent une
monnaie unique, le franc CFA (le franc CFA des Colonies Françaises
d'Afrique, créé en 1945, devient celui de la Communauté Financière
Africaine), attaché au franc français (parité fixe entre franc CFA et franc
français). Quoique monnaie africaine, le franc CFA est géré en dernier
ressort par la France, qui a pour mission d'assurer la parité entre les
deux monnaies. Cette réalité implique une véritable mainmise de l'Etat
français sur la politique monétaire africaine. Depuis janvier 1999 et
l'adoption de l'euro par la France, cette réalité s'est étendue à toute la
zone euro (la parité entre euro et FCFA a été fixée à 655,96 FCFA pour 1
euro).

La zone CFA se divise en trois sous-régions monétaires dirigées par trois
banques centrales respectives : l'UEMOA (Union économique et monétaire
ouest-africaine) est dirigée par la BCEAO (Banque centrale des Etats
d'Afrique de l'Ouest) et regroupe le Niger, le Togo, le Sénégal, le Mali,
le Bénin, le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire; la CEMAC (Communauté
économique et monétaire de l'Afrique centrale) est dirigée par la BEAC
(Banque des Etats d'Afrique centrale) et regroupe le Cameroun, la
Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad; enfin,
la BCC (Banque centrale des Comores) dirige la politique monétaire de la
République fédérale islamique des Comores.

Les statuts de ces banques centrales, bien que réformés en 1973, restent
nettement à l'avantage de l'ex-métropole. En effet, celle-ci peut
légalement bloquer toute décision monétaire au sein de la zone CFA. Ce
droit est assuré par la présence de représentants dans les conseils
d'administration respectifs : la BEAC est dirigée par treize
administrateurs, dont trois Français (article 3); la BCEAO est dirigée par
seize administrateurs, soit deux par pays membres et deux Français (article
49); enfin, la BCC est dirigée par huit administrateurs, dont quatre
Français (article 34).
Or, la BEAC ne peut délibérer qu'en présence d'au moins un administrateur
par Etat membre et un administrateur français (article 38), la BCEAO doit
prendre les décisions capitales à l'unanimité (article 51) et la BCC ne
peut adopter de décision qu'avec l'accord d'au moins cinq des représentants
(article 38). Cela signifie clairement qu'aucune décision monétaire au sein
de la zone CFA ne peut se prendre sans l'aval de la France.

Les enjeux d'un tel système sont évidents : la France a conservé des
relations commerciales et financières très développées avec ses anciennes
colonies. Aussi, la meilleure façon d'assurer la sécurité de ces relations
est d'assurer une stabilité monétaire entre les deux zones. Cette stabilité
est assurée par le lien fixe entre le franc français et la zone CFA : la
parité et la libre convertibilité sont assurées par le Trésor français. Une
telle garantie rassure les investisseurs français, puisque aucun risque de
convertibilité ne vient entraver le rapatriement régulier de leurs
bénéfices.

Les avantages présentés aux Africains sont quant à eux des plus artificiels
: outre l'attrait des investissements directs à l'étranger (IDE), qui comme
on l'a vu restent des plus timides, le franc CFA est censé épargner les
risques de change avec la zone euro et donc faciliter l'accès au marché
unique européen. Or, cet accès reste limité par les mesures de
protectionnisme permises à l'Union européenne par les accords de l'OMC
(aussi bien pour les produits manufacturés que pour les produits
agricoles). En outre, les relations commerciales sont largement restreintes
à l'exportation de matières premières, dont les prix sont à l'avantage des
pays riches du Nord (termes de l'échange).

Un autre avantage présenté aux Africains est qu'une monnaie unique facilite
la coopération entre les différents pays membres (ce qui empêche une
balkanisation monétaire de l'Afrique). Malheureusement, le fait que cette
monnaie unique soit gérée par une autorité extérieure empêche qu'elle soit
gérée dans ce but d'unité intérieure. En effet, l'Union européenne, en
héritant des accords franco-africains, a juridiquement toute liberté de
modifier selon ses intérêts la parité entre franc CFA et euro. C'est elle
également qui intervient au nom des pays africains sur le marché
international des devises pour défendre sa monnaie (les banques centrales
africaines n'ont donc aucune existence juridique sur le marché des changes).

A l'analyse, ces avantages sont non seulement artificiels, mais aussi
contre-productifs. Pour mesurer à quel point, il est nécessaire de
comprendre la logique qui sous-tend la mondialisation économique actuelle.
Au sommet de la hiérarchie mondiale, l'Europe occidentale et l'Amérique du
Nord visent une croissance basée sur l'importation de matières premières et
l'accumulation de capitaux et de technologies. Parallèlement, chacune des
deux régions cherche à asseoir la suprématie mondiale de sa monnaie. C'est
pourquoi l'objectif de monnaie forte et stable est prioritaire pour les
banques centrales de ces pays.
Le problème est qu'une telle politique monétaire est incompatible avec les
intérêts africains. D'abord, la politique de hauts taux d'intérêt appliquée
par l'Union européenne (et donc imposée à la zone CFA selon les accords
monétaires en application) pour attirer les capitaux internationaux est
nuisible à l'économie africaine, car elle implique des crédits trop élevés
pour les entrepreneurs locaux. Cet obstacle empêche les petites et moyennes
entreprises africaines d'exister, par manque de financement.

Ensuite, les relations commerciales de la zone CFA avec le reste de
l'Afrique et du Tiers Monde se trouvent handicapées par la politique de
monnaie forte imposée par l'Europe : le franc CFA étant surévalué par
rapport aux autres monnaies du Sud, les produits libellés en FCFA
deviennent trop chers pour ces pays. L'Afrique de la zone CFA se retrouve
ainsi coupée des marchés du Sud et condamnée à exporter des matières
premières bon marché vers le Nord (l'objectif final de l'Europe étant
évidemment la cotation des matières premières de la zone CFA en euro et
donc l'élimination de tout risque de change pour son approvisionnement).

Enfin, le principe du compte d'opérations, à la base de tout le système,
implique pour l'Afrique de la zone CFA une rigueur budgétaire exacerbée et
des fuites massives de capitaux vers l'Europe, ce qui représente pour la
région une véritable institutionnalisation de l'appauvrissement
socio-économique.

Le principe du compte d'opérations est simple et s'appuie sur le fait que
la France est chargée de garantir la convertibilité des deux monnaies. En
contrepartie de cette garantie, les banques centrales africaines (BCEAO,
BEAC et BCC) doivent verser 65% de leurs réserves de change (leurs avoirs
extérieurs) sur un compte du Trésor français appelé compte d'opérations.
Chacune des trois banques centrales de la zone CFA possède ainsi un compte
d'opérations ouvert à son nom par le Trésor français. A l'origine, les
banques centrales devaient verser 100% de leurs avoirs extérieurs sur ce
compte, mais depuis la réforme de 1973, ce montant a été réduit à 65% (le
reste devenant utile pour le remboursement de la dette extérieure).

Le Trésor français, fort de ces réserves, est ensuite chargé de fournir aux
banques centrales les fonds dont elles ont besoin. Selon le montant de ces
besoins et celui des avoirs extérieurs transférés vers le Trésor français,
le compte d'opérations se retrouve soit débiteur (les banques centrales
africaines doivent alors payer des intérêts au Trésor français), soit
créditeur (la France doit alors payer des intérêts aux pays CFA).

De 1962 à 1980, le compte d'opérations est largement excédentaire en faveur
de l'Afrique (l'excédent atteint jusqu'à 8,9% des réserves de change de la
France). Depuis lors, la tendance déficitaire s'est progressivement
accentuée, alors que les accords exigent qu'une situation déficitaire soit
rapidement corrigée. L'Afrique de la zone CFA entre alors dans une double
phase imposée d'austérité et d'évasion de capitaux : alors que les plans
d'ajustement imposent une réduction des budgets publics, le déficit des
comptes d'opérations dicte la même conduite à des pays financièrement
asphyxiés. Parallèlement, alors que les revenus d'exportation sont
largement destinés au remboursement de la dette, une part considérable de
ce qu'il en reste sont versés sur les comptes d'opérations déficitaires.

Entre 1986 et 1991, les cours des matières premières ont beau chuter
inlassablement, la zone CFA verse 65% de ses avoirs au Trésor français. Un
mécanisme tout particulièrement cynique se met alors en route : "Au moment
où les recettes d'exportations garnissent les caisses de l'Etat français,
les Africains souffrent des affres du sous-développement et excellent dans
la mendicité de l'aide financière internationale généreusement octroyée par
la France en puisant dans leurs propres avoirs extérieurs déposés en compte
d'opérations ouverts à Paris." (Agbohou, 1999, p. 70)
Le rôle de la France est ainsi on ne peut plus aisé dans ce système,
surtout qu'elle peut dans le même temps utiliser l'excédent d'un pays pour
boucher le déficit d'un autre. Parallèlement, la France peut s'allier au
FMI et pousser à ce que ces pays adoptent des plans d'ajustement
assainissant leurs finances publiques -- la France appuiera par exemple en
1996 le putsch au Niger d'Ibrahim Maïnassara contre le président Mahamane
Ousmane, devenu réticent envers les plans d'ajustement du FMI et de la
Banque mondiale (Agbohou, 1999, pp. 112-120). La santé et l'éducation sont
ainsi sacrifiées au nom d'une parité fixe à conserver (en plus d'une dette
à rembourser). On comprend mieux les motivations françaises, lorsqu'en 1996
au Niger

Selon les statuts de l'accord, lorsque les avoirs extérieurs sont jugés
insuffisants pour combler le déficit du compte d'opérations, la France peut
décider unilatéralement la dévaluation du franc CFA. C'est ce qu'elle fait
en janvier 1994 avec la dévaluation de 50% du franc CFA. Du coup, 1 franc
français qui valait 50 FCFA hier vaut 100 FCFA aujourd'hui. Et les avoirs
extérieurs versés par la zone CFA sur le compte d'opérations doublent en
valeur relative (le compte d'opérations s'améliore de 11 milliards de
francs français en 1994).

En outre, l'aide publique au développement (APD) versée par la France en
franc français double de valeur en franc CFA (1 million de francs français
équivalent désormais à 100 millions de CFA, contre 50 millions avant la
dévaluation).

Une nouvelle fois, les intérêts de la France sont en phase avec les
politiques d'ajustement du FMI et de la Banque mondiale. En effet, les
plans d'ajustement débutent traditionnellement par une double thérapie de
choc : la hausse des taux d'intérêt (pour attirer le capital international)
et la dévaluation.

Le but de la dévaluation est d'accentuer la compétitivité des exportations
: vu que les matières premières sont cotées en dollar, elles deviennent
moins chères pour l'extérieur et donc plus alléchantes après une
dévaluation (en effet, alors qu'avec 1 franc français on pouvait acheter un
ananas de 50 FCFA, depuis la dévaluation on peut acheter deux ananas avec
le même franc).
Parallèlement, un pays exportateur gagnera le double en monnaie nationale
pour un même produit après une dévaluation de 50% (la valeur du dollar en
franc CFA étant deux fois plus élevée qu'avant la dévaluation,
l'exportation d'un baril de pétrole à 25 dollars rapportera 17 500 FCFA
après la dévaluation, alors qu'il ne rapportait initialement que 8 750
FCFA).

Le problème est que simultanément, le prix des importations augmente
d'autant, ce qui peut engendrer un déficit de la balance commerciale et une
inflation importée (il faut 100 000 FCFA pour importer un produit de 1 000
FRF, alors qu'il ne fallait que 50 000 FCFA avant la dévaluation). C'est
précisément ce qui affecte les pays de la zone CFA en 1994 : le prix des
produits alimentaires et des produits importés augmente de plus de 50% et
celui des carburants de 20 à 30%.

Heureusement, les cours des matières premières reprennent quelques couleurs
en 1995-1996 (hausse de 25% des produits de base non pétroliers entre 1993
et 1996), ce qui stabilise temporairement le déficit commercial.

Mais la brutalité du choc ne laisse pas tout le monde indemne : si
l'augmentation des prix dépasse 50%, celle des salaires ne dépasse pas 15%,
ce qui aboutit à une chute du pouvoir d'achat relatif des populations.

En outre, vu que le franc CFA a perdu la moitié de sa valeur, l'importateur
français peut acheter deux ananas pour 50 FCFA au lieu d'un seul avant la
dévaluation, ce qui contraint les pays de la zone CFA à exporter le double
de produits pour acquérir une même somme de devises étrangères. Cela
aboutit à une dilapidation des ressources naturelles et à des dégâts
environnementaux considérables (déforestation, monocultures industrielles
détruisant les terres cultivables, etc.).

Enfin, l'investissement réel n'est en rien stimulé par une telle mesure,
bien au contraire : l'augmentation du volume des exportations de produits
primaires ne répond pas à une croissance de la demande dans les pays
riches, tandis que les investisseurs doivent importer des biens
d'équipement à des prix croissants, ce qui les décourage. A l'arrivée,
l'effet de dopage sur le volume des exportations prophétisé par le FMI ne
se vérifie guère sur le terrain et la sous-industrialisation du continent
se perpétue.

Le peu d'investissements privés étrangers qui s'opèrent au sein de la zone
CFA ne sont d'ailleurs que peu profitables à l'économie locale : l'accord
de coopération monétaire entre le franc français et le FCFA implique une
liberté totale des transferts de capitaux entre les deux zones. Cette
liberté aboutit à un rapatriement massif des bénéfices des investisseurs
étrangers vers leur maison-mère et à un exode des revenus des ménages
expatriés vers leur pays d'origine : entre 1970 et 1993, alors que les
investissements étrangers s'élevaient à 1,7 milliards de dollars, le
rapatriement des bénéfices et des revenus d'expatriés s'est élevé à 6,3
milliards. Les rapatriements ont donc été quatre fois supérieurs aux
investissements (Agbohou, 1999, p. 87).

Une telle réalité a évidemment le don de tuer tout espoir de constitution
d'une épargne locale, pourtant indispensable au développement de l'Afrique.
Le pire est que ce système aboutit à une véritable institutionnalisation
durable de la fuite des capitaux africains (d'où déficit de la balance des
paiements, endettement, dépendance envers l'extérieur et
sous-développement).

En résumé, les quatorze pays africains de la zone CFA sont privés
d'autonomie monétaire, condamnés à l'austérité, aux hauts taux d'intérêts
et aux dévaluations à répétition, impuissants face à l'exode massif des
capitaux et privés d'investissements productifs. Limités à l'exportation de
matières premières vers l'Europe, ces pays sont coupés du reste du Sud,
dépendants de fluctuations extérieures et condamnés à affecter leurs avoirs
extérieurs au remboursement de la dette et au compte d'opérations. Sans
capacité budgétaire, comment s'étonner que les pouvoirs publics ne peuvent
garantir l'éducation, la santé et l'alimentation aux populations locales ?
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